• -      -    T’inquiètes Cha, je ne pars pas. Je te l’ai dit, je ne te laisserai pas tomber.

    Je rougis un peu.

    -      -    Non, ce n’était pas pour ça. C’était pour savoir si tu allais devoir déménager.

    -      -    Non, t’inquiète, dit-il avec un clin d’œil et en ébouriffant un peu mes cheveux.

    J’appuie ma tête sur son épaule. Il m’entoure de son bras et me serre contre lui.

    -      -    Ça va aller Cha. Tu verras, tout ira bien.

    Dit-t-il cela pour moi, ou pour lui ? On reste un moment sur ce lit, à ne rien dire, juste à écouter la respiration, les battements de cœur de l’autre. Et ça m’a fait du bien, excessivement de bien. Il repart vers 19h après avoir poliment décliné mon invitation à rester manger. Le week-end est passé, et il a fallu retourner à la fac. Dimanche soir, j’ai posté la vidéo de la robe. Et je n’ai pas lu les commentaires  depuis. J’ai beaucoup trop peur des réactions. Le lundi matin, je vais en cours, le moral à zéro. Il fait froid, il fait gris, et je n’ai pas pu croiser Alex avant la sonnerie. Les premières heures passent très lentement. Normal après deux semaines de vacances me direz-vous. Le midi, je prends un sandwich et vais manger dans la salle. Je ne vois pas le temps passer. La porte s’ouvre d’un coup.

    -      -    Cha, tu, es, une, génie.

    Je sursaute  et me tourne vers Alex. Il pose les Starbucks, ferme la porte, et s’assoit sur la chaise, les pieds de chaque côté du dossier, les coudes dessus, la tête posé sur ses mains. Il me sourit.

    -      -    Qu’est-ce qu’il y a ? demandais-je intriguée.

    -      -    Tu as regardé tes messages récemment ?

    -      -    Non, pourquoi ?

    -      -    Alors ne les regarde pas. Regarde plutôt… ça, dit-il en me brandissant son téléphone.

    Je le prends et regarde attentivement l’écran. C’est la vidéo que j’ai posté, la dernière de la saint Valentin. Jusque-là, je ne vois rien de passionnant, puis je regarde le compteur. Il y a 6 chiffres. 6. Je crois que je lâche un petit cri.

    -      -    Alors ? sourit-il.

    -      -    Oh mon Dieu ! Alex, mais tu as vu ça ?!

    -      -    Je le l’avais dit.

    -      -    Mais les commentaires, ils disent quoi ?

    -      -    Il y a des cons, comme d’habitude, mais la plupart sont géniaux, regarde par toi-même !

    Je fais défiler les pages. « C’est magnifique, pourquoi tu n’en fais pas ton métier Charlie ? » «Je pense que tu devrais créer ta propre marque de vêtements, c’est vraiment magnifique !! » Tous de ce genre. Je sens les larmes me monter aux yeux. Les gens sont si gentils avec moi. Je n’en reviens pas.

    -      -    Hey, Cha. Viens-là, dit-il en me serrant contre lui. Tu es merveilleuse, je te l’avais dit. Tu as vu tout ce que ces gens ont dit ? Tu n’as pas à douter de toi ou de ton talent, tu comprends ?

    -      -    Mais Alex…

    -      -    Chut, pas de mais, me coupe-t-il. Le seul problème, c’est que tu vas devoir assurer encore plus maintenant, sans vouloir te mettre la pression, bien sûr, rit-il.

    Je le regarde dans les yeux. C’est comme si une bouffée d’amour, de chaleur envahissait mon cœur.

    -      -    Merci Alex, merci pour tout.

    -      -    De rien ma belle, sourit-il. Aller, fini ta dissert.

    Il s’assoit en face de moi et sort ses affaires en buvant son café. Un goutte tombe du coin de ses lèvres, et vient dégringoler le long de sa mâchoire, parcourt son cou pour venir mourir dans son écharpe. Un flash perturbe mon esprit. Ma bouche, posée sur son cou, ma langue, léchant cette goutte de café. Je rougis. Il lève les yeux de ses cours et me regarde en souriant.

    -      -    Qu’est-ce qu’il y a ?

    Je secoue la tête et baisse mon regard sur ma feuille.

    -      -    Rien rien.

    L’heure se termine. On a discuté, un peu, travaillé aussi. Mais cette brève invention de mon esprit m’a perturbée pour le reste de la journée. Je rentre chez moi. Je travaille, vais manger et travaille encore. Mais je suis ailleurs. Ces pensées déplacées commencent à être vraiment pénibles, et à me gâcher la vie. Il faut que ça cesse. Je reçois un appel vers 22h.

    -      -    Hey Cha !

    -      -    Hey, ça va ?

    -      -    Oui et toi ?

    -      -    Dis, ça te dirait de venir manger chez moi demain soir ? J’ai pas trop envie d’être tout seul pour…

    -      -    Ton anniversaire, bien sûr Alex.

    -      -    Merci beaucoup Cha.

    -      -    C’est normal, je n’allais pas te laisser tout seul de toute façon.

    -      -    Merci. Film, Mcdo et glace ?

    -      -    Programme parfait, riais-je.

    -      -    A demain Cha.

    -      -    A demain Alex.

    Je termine mes devoirs et me couche. Le lendemain matin, j’allume mon téléphone et appelle directement Alex. Le son de sa voix rauque du matin résonne au bout de quelques sonneries.

    -      -    Mh ?

    -      -    Joyeux Anniversaire Alex Parker.

    -      -    Merci beaucoup Charlie.

    Je peux sentir le sourire dans sa voix. Et ça me fait sourire à mon tour.

    -      -    Je ne t’ai pas réveillé au moins ? M’inquiétais-je soudain en voyant qu’il n’est que 6h.

     

    -      -    Ne t’inquiète pas, tu es un bien plus doux réveil que le mien. 


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