• Chapitre 19

    Il m’embrasse sur la joue et prend sa veste avant de partir avec mon père. Dès qu’ils passent la porte, je vois les regards et les sourires en coin que se lancent mes tantes. Je lève les yeux au ciel et monte dans ma chambre. Je termine le pull d’Alex et, comme il me reste de la laine, je décide de faire un petit pull et des chaussons pour son neveu. En 2h c’est bouclé. J’allais éteindre mon téléphone quand j’ai vu que j’avais un message d’Alex. Je lis et souris « Je suis bien rentré, ton père est génial. Encore merci pour tout Charlie. Xx ». Je l’éteins et ferme les yeux.

     

    PDV Alex.

     

    Le père de Charlie me demande mon adresse pour la rentrer dans son GPS, puis il démarre.

    -       -   Vous n’étiez pas obligé de me ramener, c’est très gentil à vous.

    -       -   Ne t’inquiète pas, ça me permet de fuir la maison… Je peux te dire que cinq femmes avec quasiment le même code génétique concentrées dans un si petit espace, c’est dur à vivre au quotidien !

    Nous rions. Puis il reste silencieux quelques instant. Ce n’est pas un silence agréable, c’est un silence pesant, comme s’il voulait me dire quelque chose. Ce qu’il finit par faire.

    -       -   Je ne suis pas idiot Alex. Je sais quand ma fille va bien ou quand elle va mal. Pendant des années, elle a été seule, triste, renfermée sur elle-même. Mais dès que tu es arrivé dans sa vie, elle s’est complètement métamorphosée. Elle est devenue souriante, elle nous parle, elle s’ouvre aux autres, je ne l’avais jamais vu aussi heureuse. Et je ne pourrais jamais assez te remercier pour ça. Mais depuis quelques temps, elle est redevenue comme avant. Triste. Elle refait la cuisine en quantités astronomiques. Sa prof de danse nous a dit qu’elle ne l’avait pas vue depuis un moment. Alors je ne sais pas ce qu’il se passe, parce que d’après ce qu’on a vu aujourd’hui, tout va bien entre vous. Alors j’aimerais savoir si tu sais ce qu’elle a.

    -       -   Votre femme m’en a parlé tout à l’heure. A vrai dire, je ne l’avais pas vraiment remarqué mais c’est vrai qu’en y regardant de plus près, elle a changé un peu de comportement.

    -       -   Et tu saurais me dire pourquoi ? demande-t-il en me regardant.

    Et là je suis choqué par son regard. Il ne pleure pas, mais n’en est pas loin. Je me rends soudain compte à quel point Charlie se trompe sur ses parents. Elle s’est enfermée toute seule dans cette bulle de solitude par culpabilité, de n’avoir jamais eu de frère et sœur, mais ses parents l’aiment, plus que tout au monde. Et je dois avouer que je ressens un peu de jalousie aux vues de la relation que j’ai avec mes propres parents.

    -       -   Je ne suis pas sûr mais… On va dire que je fréquente une fille depuis un peu moins d’un mois. On n’est pas ensemble, mais elle flirte avec moi. Ce n’est pas réciproque mais c’est vrai que ça m’amuse plus qu’autre chose. Et à cause de ça, je passe un peu moins de temps avec Charlie. Vous pensez qu’elle pourrait être jalouse ?

    -       -   Non, non. Ou alors elle ne s’en rend pas compte. Tu sais, Charlie ne connait rien en relation. Elle ne sait absolument pas comment gérer ses sentiments, ni les reconnaitre. Mais je peux te dire que vu comme elle te regarde… Je ne peux rien affirmer mais … Enfin, tout ça pour dire que je pense qu’elle se sent délaissée. Car elle n’a que toi, alors que toi tu as d’autres amis, ce qui est tout à fait normal. Mais tout ça est si nouveau pour elle. Je ne peux pas te demander de tout arrêter avec cette fille, je n’ai pas le droit et puis tu dois aller au bout de cette histoire, qui sait, ça peut déboucher sur une histoire d’amour, mais je te demande d’en parler avec Charlie s’il te plaît… je ne supporterai pas que ma fille souffre à cause d’un garçon, même si tu ne le fais pas du tout intentionnellement.

    -       -   Bien sûr, oui…

    Je reste perplexe. Je passe le reste du trajet à regarder le paysage défiler pendant que je réfléchis. Il s’arrête devant chez moi quelques minutes plus tard.

    -       -   Merci beaucoup pour cette soirée, et de m’avoir ramené aussi.

    -       -   C’est normal, merci à toi pour Charlie.

    Je souris et ferme la portière. Il attend que je sois entré dans l’immeuble pour repartir. Je rentre chez moi et balance ma veste sur la table. Je me déshabille en laissant mes vêtements en vrac dans l’appart et je vais dans la salle de bain. J’attrape mon téléphone et envoie un message à Charlie. « Je suis bien rentré, ton père est génial. Encore merci pour tout Charlie. Xx ». Je pose les mains sur le rebord de mon lavabo. Je lève les yeux et croise mon reflet. A quoi est-ce que tu joues bordel ?! J’ouvre le robinet et je me jette de l’eau sur le visage. Elle est glacée. J’enfile un caleçon et me mets au lit. Mais j’ai beau tourner et retourner dans les draps, le sommeil ne vient pas. Je me redresse et attrape mon téléphone.

    -       -   Allo ?

    -       -   Salut c’est moi, il faut qu’on parle.

     

          PDV Charlie

     

    Je me réveille le lendemain vers 8h. Je termine de monter ma vidéo et la programme pour 18h. Je vais ensuite déjeuner avec mes tantes et me préparer. Il fait encore frais en ce début de mois de février, aussi j’enfile un pull, une jupe et des collants de laine. Je travaille un peu mes cours puis mes parents m’appellent pour manger. Je retourne dans ma chambre pour emballer le cadeau pour le neveu d’Alex. Mais je me rends compte qu’il ne m’a même pas donné son prénom. J’allais lui envoyer un message quand on sonne à la porte. Je descends et le retrouve entouré de mes chères tantes. Je souris en secouant la tête et vais lui dire bonjour.

    -       -   Tu es prête ?

    -       -   Oui, laisse-moi juste enfiler un manteau et des chaussures.

    Je m’habille chaudement et nous partons. Sur le chemin du métro, il ne dit pas grand-chose, il semble un peu dans la lune.

    -       -   Alex ?

    -       -   Oui ?

    -       -   Tu ne m’as pas dit le prénom de ton neveu, souris-je.

    -       -   Ah oui, bah en fait… Je ne le sais pas, tout simplement, rigole-t-il. Ils ne l’avaient pas encore choisi apparemment.

    -       -   D’accord.

    Nous entrons dans le souterrain et par chance, le métro était déjà là. On s’installe et je me serre contre lui.

    -       -   Tu n’aimes vraiment pas ça hein ?

    Je secoue la tête négativement. Il enroule alors son bras autour de mes épaules.  Le trajet ne dure pas vraiment longtemps, mais il me paraît très long, Alex ne parle pas beaucoup aujourd’hui. Je pense qu’il a hâte de voir sa sœur pour s’assurer que tout va bien en personne. Nous arrivons à l’hôpital et nous nous rendons dans la chambre 201. Alex frappe et entre. Je le suis, un peu intimidée. Une jeune-femme est allongée, rigolant avec un homme assis sur un fauteuil.

    -       -   Alex ! Je suis tellement contente de te voir !

    Alex va rejoindre sa sœur qui lui ouvre les bras. Il serre ensuite la main de son beau-frère et me rejoint.

    -       -   Clara, Matthew, je vous présente Charlie. Cha, ma sœur et son mari.

    -       -   Enchantée, dis-je d’une petite voix.

    -       -   La fameuse, sourit Clara. Je suis ravie de te rencontrer.

    Je leur dis bonjour et Matthew me donne son fauteuil malgré mes protestations. Alex s’assoit sur le lit.

    -       -   Tout va bien ? demande-t-il à Clara.

    -       -   Tout va très bien Alex, assure-t-elle en lui prenant la main. Ne t’inquiète pas.

    -       -   Où est mon neveu ? D’ailleurs, vous avez choisi un nom ?

    -       -   Il est en couveuse, mais vous pourrez aller le voir sans problème. Oui, on l’a appelé William.

    Je souris. Alex me lance un regard.

    -       -   Pourquoi vous souriez ? demande Matthew.

    -       -   Le père de Charlie s’appelle William. Mais il va bien ? Je veux dire, pas de malformation ni rien ?

    -       -   Alex ! Arrête ! Il va très bien. Tu sais, maintenant, les enfants prématurés sont très bien pris en charge, et puis il n’est pas né avec beaucoup d’avance, on n’a pas à s’en faire.

    Alex me regarde et rigole.

    -       -   C’est mot pour mot ce que tu m’as dit hier.

    -       -   Parce que c’est vrai ! Même ma mère il y a 18 ans n’a eu aucune complication et je suis ici, alors de nos jours ils ont dû faire encore plus de progrès.

    -       -   Tout à fait, sourit Clara. Tu ne devrais pas t’inquiéter autant pour les autres. On devrait pouvoir ramener William à la maison d’ici deux semaines. Le seul problème, c’est que j’ai peur que ses vêtements soient trop grands.

    -       -   Oh, en parlant de vêtements. Je suis désolée ce n’est pas grand-chose mais… Tenez.

    Je tends le sac à Clara. Elle fronce les sourcils et déballe le paquet.

    -       -   Oh mon Dieu ! Matt regarde ! C’est trop mignon ! Merci beaucoup Charlie !

    Elle me serre contre elle, ce qui me surprend énormément.

    -       -   Ce n’est pas grand-chose.

    -       -   C’est vraiment trop chou.

    -       -   Elle m’a fait cette écharpe, sourit Alex en tirant dessus. Elle fait des robes absolument magnifiques.

    -       -   C’est vrai ?

    -       -   Il exagère, c’est juste un passe-temps.

    -       -   Mais oui, sourit-il en ébouriffant légèrement mes cheveux.

    Je lui lance un regard pour lui faire comprendre de parler d’autre chose.

    -       -   Alors Matt, tu as fini la chambre ?

    -       -   Pas tout à fait.

    -       -   Tu auras besoin d’aide ?

    -       -   Non t’inquiète, je vais gérer, il ne reste que quelques meubles à monter, et puis j’ai un bac +5 en montage de meubles Ikea grâce à ton déménagement, rigole-t-il.

    -       -   C’est vrai, le suit Alex.

    On continue à discuter quelques minutes enfin, ils parlent plutôt entre eux de gens que je ne connais pas, puis Alex me propose d’aller voir William.

    -       -   On revient, dit-il.

    Nous nous rendons à la pouponnière. Nous croisons une infirmière qui nous indique où se trouve le neveu d’Alex. Arrivés au bord de son lit, je le trouve magnifique, et surtout minuscule.

    -       -   Hey bonhomme, chuchote Alex.

    Il passe sa main par le petit trou et prends sa petite main dans la sienne.

    -       -   Tu peux le toucher si tu veux, me sourit Alex.

    Timidement, je passe ma main caresse la sienne. Il commence alors à remuer et saisit mon doigt. Je lâche un petit cri. Alex rit.

    -       -   Il t’aime bien on dirait.

    -       -   Merci Alex.

    -       -   De quoi ? me demande-t-il en haussant les sourcils.

    -       -   Tout.

    Il me fixe quelques instants, puis me sourit. Nous restons un long moment avec William, caressant ses petites mains, lui parlant. Puis une infirmière est venue nous dire qu’ils allaient lui faire ses soins, alors nous sommes retournés voir sa sœur.

    -       -   Il est vraiment adorable Cla, et il aime déjà Charlie, dit-il en me souriant.

    Je souris en rosissant. Nous restons encore un peu avec sa sœur mais elle commence à être fatiguée, alors on décide de partir.

    -       -   Merci beaucoup d’être venue Charlie, et pour les vêtements, c’est vraiment très gentil de ta part. Et puis je suis contente de t’avoir enfin rencontrée, Alex parle souvent de toi, sourit-elle.

    -       -   Merci, mais ce n’est rien, rougis-je. J’entends aussi beaucoup parler de vous.

    Elle sourit puis lance un regard à son frère, ce genre de regards qui ne sont compréhensibles qu’entre frères et sœurs, et qui veulent dire tellement de choses. Nous partons et nous reprenons le chemin du métro. Il est nettement plus souriant qu’à l’allé et parle plus.

    -       -   Dis Cha, ça te dirait d’aller faire du shopping avec moi la fin de la semaine prochaine ? Je dois me trouver des vêtements classes pour ma soutenance de rapport de stage et je pars dans trois semaines vu que je veux y aller une semaine avant histoire de m’acclimater et l’oral est après mon stage mais je ne suis pas sûr d’avoir le temps d’y aller en rentrant et je voudrais ton avis parce que tu sais… J’ai besoin d’un avis féminin et, je comprendrais si tu ne veux pas, tu as tes tantes et…

    -       -   Respires, le coupais-je en riant. Ça me ferait très plaisir, souris-je.

    -       -   Merci Cha.

     

    Il enroule son bras autour de mes épaules et me serre contre lui alors que nous entrons dans la rame. Pendant le trajet, il me raconte un peu plus son enfance.


  • Commentaires

    1
    Jeudi 25 Août 2016 à 21:28

    Vraiment bien, on est pris dans le récit. Hâte de lire la suite ;)

      • Samedi 27 Août 2016 à 00:06

        Merci beaucoup ! :)

        Xoxo

    2
    Lundi 29 Août 2016 à 18:52
    J'ai pas eu l'e-mail pourquoiiiiii et merci c'était formidable !!!
      • Lundi 29 Août 2016 à 19:20

        Je comprends pas pourquoi ... Pourtant tu es bien inscrite à la Newsletter non ? 

        Sinon je peux t'envoyer un message privé quand je poste un chapitre si le problème persiste si tu veux ?

        En tout cas merci :)

        Xx

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