• Il m’embrasse sur la joue et prend sa veste avant de partir avec mon père. Dès qu’ils passent la porte, je vois les regards et les sourires en coin que se lancent mes tantes. Je lève les yeux au ciel et monte dans ma chambre. Je termine le pull d’Alex et, comme il me reste de la laine, je décide de faire un petit pull et des chaussons pour son neveu. En 2h c’est bouclé. J’allais éteindre mon téléphone quand j’ai vu que j’avais un message d’Alex. Je lis et souris « Je suis bien rentré, ton père est génial. Encore merci pour tout Charlie. Xx ». Je l’éteins et ferme les yeux.

     

    PDV Alex.

     

    Le père de Charlie me demande mon adresse pour la rentrer dans son GPS, puis il démarre.

    -       -   Vous n’étiez pas obligé de me ramener, c’est très gentil à vous.

    -       -   Ne t’inquiète pas, ça me permet de fuir la maison… Je peux te dire que cinq femmes avec quasiment le même code génétique concentrées dans un si petit espace, c’est dur à vivre au quotidien !

    Nous rions. Puis il reste silencieux quelques instant. Ce n’est pas un silence agréable, c’est un silence pesant, comme s’il voulait me dire quelque chose. Ce qu’il finit par faire.

    -       -   Je ne suis pas idiot Alex. Je sais quand ma fille va bien ou quand elle va mal. Pendant des années, elle a été seule, triste, renfermée sur elle-même. Mais dès que tu es arrivé dans sa vie, elle s’est complètement métamorphosée. Elle est devenue souriante, elle nous parle, elle s’ouvre aux autres, je ne l’avais jamais vu aussi heureuse. Et je ne pourrais jamais assez te remercier pour ça. Mais depuis quelques temps, elle est redevenue comme avant. Triste. Elle refait la cuisine en quantités astronomiques. Sa prof de danse nous a dit qu’elle ne l’avait pas vue depuis un moment. Alors je ne sais pas ce qu’il se passe, parce que d’après ce qu’on a vu aujourd’hui, tout va bien entre vous. Alors j’aimerais savoir si tu sais ce qu’elle a.

    -       -   Votre femme m’en a parlé tout à l’heure. A vrai dire, je ne l’avais pas vraiment remarqué mais c’est vrai qu’en y regardant de plus près, elle a changé un peu de comportement.

    -       -   Et tu saurais me dire pourquoi ? demande-t-il en me regardant.

    Et là je suis choqué par son regard. Il ne pleure pas, mais n’en est pas loin. Je me rends soudain compte à quel point Charlie se trompe sur ses parents. Elle s’est enfermée toute seule dans cette bulle de solitude par culpabilité, de n’avoir jamais eu de frère et sœur, mais ses parents l’aiment, plus que tout au monde. Et je dois avouer que je ressens un peu de jalousie aux vues de la relation que j’ai avec mes propres parents.

    -       -   Je ne suis pas sûr mais… On va dire que je fréquente une fille depuis un peu moins d’un mois. On n’est pas ensemble, mais elle flirte avec moi. Ce n’est pas réciproque mais c’est vrai que ça m’amuse plus qu’autre chose. Et à cause de ça, je passe un peu moins de temps avec Charlie. Vous pensez qu’elle pourrait être jalouse ?

    -       -   Non, non. Ou alors elle ne s’en rend pas compte. Tu sais, Charlie ne connait rien en relation. Elle ne sait absolument pas comment gérer ses sentiments, ni les reconnaitre. Mais je peux te dire que vu comme elle te regarde… Je ne peux rien affirmer mais … Enfin, tout ça pour dire que je pense qu’elle se sent délaissée. Car elle n’a que toi, alors que toi tu as d’autres amis, ce qui est tout à fait normal. Mais tout ça est si nouveau pour elle. Je ne peux pas te demander de tout arrêter avec cette fille, je n’ai pas le droit et puis tu dois aller au bout de cette histoire, qui sait, ça peut déboucher sur une histoire d’amour, mais je te demande d’en parler avec Charlie s’il te plaît… je ne supporterai pas que ma fille souffre à cause d’un garçon, même si tu ne le fais pas du tout intentionnellement.

    -       -   Bien sûr, oui…

    Je reste perplexe. Je passe le reste du trajet à regarder le paysage défiler pendant que je réfléchis. Il s’arrête devant chez moi quelques minutes plus tard.

    -       -   Merci beaucoup pour cette soirée, et de m’avoir ramené aussi.

    -       -   C’est normal, merci à toi pour Charlie.

    Je souris et ferme la portière. Il attend que je sois entré dans l’immeuble pour repartir. Je rentre chez moi et balance ma veste sur la table. Je me déshabille en laissant mes vêtements en vrac dans l’appart et je vais dans la salle de bain. J’attrape mon téléphone et envoie un message à Charlie. « Je suis bien rentré, ton père est génial. Encore merci pour tout Charlie. Xx ». Je pose les mains sur le rebord de mon lavabo. Je lève les yeux et croise mon reflet. A quoi est-ce que tu joues bordel ?! J’ouvre le robinet et je me jette de l’eau sur le visage. Elle est glacée. J’enfile un caleçon et me mets au lit. Mais j’ai beau tourner et retourner dans les draps, le sommeil ne vient pas. Je me redresse et attrape mon téléphone.

    -       -   Allo ?

    -       -   Salut c’est moi, il faut qu’on parle.

     

          PDV Charlie

     

    Je me réveille le lendemain vers 8h. Je termine de monter ma vidéo et la programme pour 18h. Je vais ensuite déjeuner avec mes tantes et me préparer. Il fait encore frais en ce début de mois de février, aussi j’enfile un pull, une jupe et des collants de laine. Je travaille un peu mes cours puis mes parents m’appellent pour manger. Je retourne dans ma chambre pour emballer le cadeau pour le neveu d’Alex. Mais je me rends compte qu’il ne m’a même pas donné son prénom. J’allais lui envoyer un message quand on sonne à la porte. Je descends et le retrouve entouré de mes chères tantes. Je souris en secouant la tête et vais lui dire bonjour.

    -       -   Tu es prête ?

    -       -   Oui, laisse-moi juste enfiler un manteau et des chaussures.

    Je m’habille chaudement et nous partons. Sur le chemin du métro, il ne dit pas grand-chose, il semble un peu dans la lune.

    -       -   Alex ?

    -       -   Oui ?

    -       -   Tu ne m’as pas dit le prénom de ton neveu, souris-je.

    -       -   Ah oui, bah en fait… Je ne le sais pas, tout simplement, rigole-t-il. Ils ne l’avaient pas encore choisi apparemment.

    -       -   D’accord.

    Nous entrons dans le souterrain et par chance, le métro était déjà là. On s’installe et je me serre contre lui.

    -       -   Tu n’aimes vraiment pas ça hein ?

    Je secoue la tête négativement. Il enroule alors son bras autour de mes épaules.  Le trajet ne dure pas vraiment longtemps, mais il me paraît très long, Alex ne parle pas beaucoup aujourd’hui. Je pense qu’il a hâte de voir sa sœur pour s’assurer que tout va bien en personne. Nous arrivons à l’hôpital et nous nous rendons dans la chambre 201. Alex frappe et entre. Je le suis, un peu intimidée. Une jeune-femme est allongée, rigolant avec un homme assis sur un fauteuil.

    -       -   Alex ! Je suis tellement contente de te voir !

    Alex va rejoindre sa sœur qui lui ouvre les bras. Il serre ensuite la main de son beau-frère et me rejoint.

    -       -   Clara, Matthew, je vous présente Charlie. Cha, ma sœur et son mari.

    -       -   Enchantée, dis-je d’une petite voix.

    -       -   La fameuse, sourit Clara. Je suis ravie de te rencontrer.

    Je leur dis bonjour et Matthew me donne son fauteuil malgré mes protestations. Alex s’assoit sur le lit.

    -       -   Tout va bien ? demande-t-il à Clara.

    -       -   Tout va très bien Alex, assure-t-elle en lui prenant la main. Ne t’inquiète pas.

    -       -   Où est mon neveu ? D’ailleurs, vous avez choisi un nom ?

    -       -   Il est en couveuse, mais vous pourrez aller le voir sans problème. Oui, on l’a appelé William.

    Je souris. Alex me lance un regard.

    -       -   Pourquoi vous souriez ? demande Matthew.

    -       -   Le père de Charlie s’appelle William. Mais il va bien ? Je veux dire, pas de malformation ni rien ?

    -       -   Alex ! Arrête ! Il va très bien. Tu sais, maintenant, les enfants prématurés sont très bien pris en charge, et puis il n’est pas né avec beaucoup d’avance, on n’a pas à s’en faire.

    Alex me regarde et rigole.

    -       -   C’est mot pour mot ce que tu m’as dit hier.

    -       -   Parce que c’est vrai ! Même ma mère il y a 18 ans n’a eu aucune complication et je suis ici, alors de nos jours ils ont dû faire encore plus de progrès.

    -       -   Tout à fait, sourit Clara. Tu ne devrais pas t’inquiéter autant pour les autres. On devrait pouvoir ramener William à la maison d’ici deux semaines. Le seul problème, c’est que j’ai peur que ses vêtements soient trop grands.

    -       -   Oh, en parlant de vêtements. Je suis désolée ce n’est pas grand-chose mais… Tenez.

    Je tends le sac à Clara. Elle fronce les sourcils et déballe le paquet.

    -       -   Oh mon Dieu ! Matt regarde ! C’est trop mignon ! Merci beaucoup Charlie !

    Elle me serre contre elle, ce qui me surprend énormément.

    -       -   Ce n’est pas grand-chose.

    -       -   C’est vraiment trop chou.

    -       -   Elle m’a fait cette écharpe, sourit Alex en tirant dessus. Elle fait des robes absolument magnifiques.

    -       -   C’est vrai ?

    -       -   Il exagère, c’est juste un passe-temps.

    -       -   Mais oui, sourit-il en ébouriffant légèrement mes cheveux.

    Je lui lance un regard pour lui faire comprendre de parler d’autre chose.

    -       -   Alors Matt, tu as fini la chambre ?

    -       -   Pas tout à fait.

    -       -   Tu auras besoin d’aide ?

    -       -   Non t’inquiète, je vais gérer, il ne reste que quelques meubles à monter, et puis j’ai un bac +5 en montage de meubles Ikea grâce à ton déménagement, rigole-t-il.

    -       -   C’est vrai, le suit Alex.

    On continue à discuter quelques minutes enfin, ils parlent plutôt entre eux de gens que je ne connais pas, puis Alex me propose d’aller voir William.

    -       -   On revient, dit-il.

    Nous nous rendons à la pouponnière. Nous croisons une infirmière qui nous indique où se trouve le neveu d’Alex. Arrivés au bord de son lit, je le trouve magnifique, et surtout minuscule.

    -       -   Hey bonhomme, chuchote Alex.

    Il passe sa main par le petit trou et prends sa petite main dans la sienne.

    -       -   Tu peux le toucher si tu veux, me sourit Alex.

    Timidement, je passe ma main caresse la sienne. Il commence alors à remuer et saisit mon doigt. Je lâche un petit cri. Alex rit.

    -       -   Il t’aime bien on dirait.

    -       -   Merci Alex.

    -       -   De quoi ? me demande-t-il en haussant les sourcils.

    -       -   Tout.

    Il me fixe quelques instants, puis me sourit. Nous restons un long moment avec William, caressant ses petites mains, lui parlant. Puis une infirmière est venue nous dire qu’ils allaient lui faire ses soins, alors nous sommes retournés voir sa sœur.

    -       -   Il est vraiment adorable Cla, et il aime déjà Charlie, dit-il en me souriant.

    Je souris en rosissant. Nous restons encore un peu avec sa sœur mais elle commence à être fatiguée, alors on décide de partir.

    -       -   Merci beaucoup d’être venue Charlie, et pour les vêtements, c’est vraiment très gentil de ta part. Et puis je suis contente de t’avoir enfin rencontrée, Alex parle souvent de toi, sourit-elle.

    -       -   Merci, mais ce n’est rien, rougis-je. J’entends aussi beaucoup parler de vous.

    Elle sourit puis lance un regard à son frère, ce genre de regards qui ne sont compréhensibles qu’entre frères et sœurs, et qui veulent dire tellement de choses. Nous partons et nous reprenons le chemin du métro. Il est nettement plus souriant qu’à l’allé et parle plus.

    -       -   Dis Cha, ça te dirait d’aller faire du shopping avec moi la fin de la semaine prochaine ? Je dois me trouver des vêtements classes pour ma soutenance de rapport de stage et je pars dans trois semaines vu que je veux y aller une semaine avant histoire de m’acclimater et l’oral est après mon stage mais je ne suis pas sûr d’avoir le temps d’y aller en rentrant et je voudrais ton avis parce que tu sais… J’ai besoin d’un avis féminin et, je comprendrais si tu ne veux pas, tu as tes tantes et…

    -       -   Respires, le coupais-je en riant. Ça me ferait très plaisir, souris-je.

    -       -   Merci Cha.

     

    Il enroule son bras autour de mes épaules et me serre contre lui alors que nous entrons dans la rame. Pendant le trajet, il me raconte un peu plus son enfance.


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  • Il enroule son bras autour de mes épaules et me serre contre lui alors que nous entrons dans la rame. Pendant le trajet, il me raconte un peu plus son enfance.

    -      -    Mes parents n’étaient jamais là. Mon père en déplacement et ma mère avec lui, le suivant comme son ombre. Au début, on avait une baby-sitter, mais quand Clara a eu 10 ans, ils l’ont renvoyée et elle s’est occupée de Tina et moi, des repas et de la maison. Ma grand-mère venait nous aider mais ça la fatiguait beaucoup. Alors à 16 ans j’ai commencé à travailler les soirs, quand j’ai eu suffisamment d’argent je me suis pris cet appart et mes sœurs ont pu partir faire leur vie. Je ne vois presque jamais mes parents, mais à chaque fois ça fini mal.

    -      -    C’est-à-dire ?

    -      -    Ma mère pleure, mon père crie, critique, et moi je suis prêt à lui en coller une.

    -      -    A ce point-là ? m’étonnais-je.

    -      -    Disons que je ne fais jamais assez bien, pour mon père. Il voit toujours les défauts des gens, jamais les qualités, l’inverse de toi, sourit-il.

    Je souris et pose ma tête sur son épaule.

    -      -    Comment va Tina ?

    -      -    Ah ! rit-il. Elle est à peine rentrée qu’elle veut repartir, au Japon cette fois.

    -      -    Pour le travail ?

    -      -    Oui, elle doit faire un article mais je sais très bien qu’elle va passer plus de temps à visiter et rencontrer les gens de là-bas qu’à travailler. Je ne sais pas d’où ça lui vient.

    -      -    Tu n’as pas envie de voyager toi ?

    -      -    Non. J’aime bien l’Amérique, j’aime bien Chicago. Et toi ?

    -      -    Je rêverais de voir Paris, et puis ma famille habite en Europe donc j’y vais relativement souvent. J’aimerais aller en Inde, ce que je voudrais c’est y aller et ramener des tonnes de saris pour créer des robes occidentales avec.

    Il me regarde et sourit. Je me redresse.

    -      -    Quoi ?

    -      -    Tu as tellement de projet, d’idées en tête. Tu n’es jamais à cours ?

    -      -    Non ! C’est d’ailleurs le problème, il y a des soirs où ça tourne tellement dans ma tête que je crie dans mon oreiller pour que ça s’arrête, mais ça ne veut pas. Alors je me relève, et je suis obligée de tout noter par écrit. Une fois couchées sur le papier, je peux laisser mes idées s’en aller et je suis enfin tranquille.

    -      -    Tu sais que c’est hyper bizarre ce que tu dis Cha ? rigole-t-il.

    -      -    Ah bon ? demandais-je en penchant la tête sur le côté.

    -      -    T’es trop chou c’est pas possible !

    Il ébouriffe mes cheveux et me serre contre lui. Le trajet se termine et il me raccompagne chez moi.

    -      -    Tu veux entrer ?

    -      -    Non, c’est gentil merci mais je vais rentrer. Encore merci Cha.

    -      -    Merci à toi.

    Il m’embrasse sur la joue et s’en va les mains dans les poches. Je rentre et vais dans ma chambre. Je termine de monter la vidéo de ma robe. Mais j’hésite à la mettre en ligne. Je prends mon téléphone.

    -      -    Allo ? Je te manque déjà ?

    -      -    T’es bête ! Je voulais juste te demander un conseil.

    -      -    Tout ce que tu veux Cha.

    -      -    La vidéo de ma robe, je ne sais pas si je la poste.

    -      -    Tu veux mon avis ?

    -      -    Oui, c’est pour ça que je t’appelle banane !

    -      -    Oui. Mais il faut que ce soit la dernière de la série Saint Valentin : Faire la robe de ses rêves pour la Saint Valentin.

    -      -    Tu penses ?

    -      -    Oui.

    -      -    Ok, merci Alex.

    -      -    De rien.  

    -      -    A bientôt Alex.

    -      -    A bientôt Cha.

    Je raccroche. Pendant le reste de mes vacances, j’ai profité de mes tantes. Le jeudi, nous les avons raccompagnées à l’aéroport. En rentrant à la maison, je l’ai trouvée tellement calme, triste, sans vie, que je suis allée dans ma chambre. J’ai pris mon téléphone et j’ai appelé Alex.

    -      -    Cha ?

    -      -    Oui.

    -      -    Tout va bien ?

    -      -    Mouais. Mes tantes viennent de partir.

    -      -    Tu as le blues ?

    -      -    Oui, un peu.

    -      -    Dans 30 min, toi, moi, un Starbuck, un thé Earl Grey, un caramel machiato et un cookie ?

    -      -    Tu es le meilleur.

    -      -    A tout de suite Cha.

    -      -    Merci Alex…

    -      -    De rien.

    Il raccroche. J’enfile une robe, prends mon sac et vais au Starbuck le plus proche, qui se trouve à mi-chemin entre nos deux maisons. Il est déjà là, m’attendant devant, dans le froid.

    -      -    Hey.

    -      -    Hey.

     

    Il me regarde, me sourit et me prend dans ses bras en se dandinant d’un pied à l’autre. Je sens une vague de chaleur irradier mon corps. Mon cœur se soulève. J’agrippe son manteau entre mes doigts et le serre très fort contre moi.


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  • Il enroule son bras autour de mes épaules et me serre contre lui alors que nous entrons dans la rame. Pendant le trajet, il me raconte un peu plus son enfance.

     

    -       -   Mes parents n’étaient jamais là. Mon père en déplacement et ma mère avec lui, le suivant comme son ombre. Au début, on avait une baby-sitter, mais quand Clara a eu 10 ans, ils l’ont renvoyée et elle s’est occupée de Tina et moi, des repas et de la maison. Ma grand-mère venait nous aider mais ça la fatiguait beaucoup. Alors à 16 ans j’ai commencé à travailler les soirs, quand j’ai eu suffisamment d’argent je me suis pris cet appart et mes sœurs ont pu partir faire leur vie. Je ne vois presque jamais mes parents, mais à chaque fois ça finit mal.

    -       -   C’est-à-dire ?

    -       -   Ma mère pleure, mon père crie, critique, et moi je suis prêt à lui en coller une.

    -       -   A ce point-là ? m’étonnais-je.

    -       -   Disons que je ne fais jamais assez bien, pour mon père. Il voit toujours les défauts des gens, jamais les qualités, l’inverse de toi, sourit-il.

    Je souris et pose ma tête sur son épaule.

    -       -   Comment va Tina ?

    -       -   Ah ! rit-il. Elle est à peine rentrée qu’elle veut repartir, au Japon cette fois.

    -       -   Pour le travail ?

    -       -   Oui, elle doit faire un article mais je sais très bien qu’elle va passer plus de temps à visiter et rencontrer les gens de là-bas qu’à travailler. Je ne sais pas d’où ça lui vient.

    -       -   Tu n’as pas envie de voyager toi ?

    -       -   Non. J’aime bien l’Amérique, j’aime bien Chicago. Et toi ?

    -       -   Je rêverais de voir Paris, et puis ma famille habite en Europe donc j’y vais relativement souvent. J’aimerais aller en Inde, ce que je voudrais c’est y aller et ramener des tonnes de saris pour créer des robes occidentales avec.

    Il me regarde et souris. Je me redresse.

    -       -   Quoi ?

    -       -   Tu as tellement de projets, d’idées en tête. Tu n’es jamais à cours ?

    -       -   Non ! C’est d’ailleurs le problème, il y a des soirs où ça tourne tellement dans ma tête que je crie dans mon oreiller pour que ça s’arrête, mais ça ne veut pas. Alors je me relève, et je suis obligée de tout noter par écrit. Une fois couchées sur le papier, je peux laisser mes idées s’en aller et je suis enfin tranquille.

    -       -   Tu sais que c’est hyper bizarre ce que tu dis Cha ? rigole-t-il.

    -       -   Ah bon ? demandais-je en penchant la tête sur le côté.

    -       -   T’es trop chou c’est pas possible !

    Il ébouriffe mes cheveux et me serre contre lui. Le trajet se termine et il me raccompagne chez moi.

    -       -   Tu veux entrer ?

    -       -   Non, c’est gentil merci mais je vais rentrer. Encore merci Cha.

    -       -   Merci à toi.

    Il m’embrasse sur la joue et s’en va les mains dans les poches. Je rentre et vais dans ma chambre. Je termine de monter la vidéo de ma robe. Mais j’hésite à la mettre en ligne. Je prends mon téléphone.

    -       -   Allo ? Je te manque déjà ?

    -       -   T’es bête ! Je voulais juste te demander un conseil.

    -       -   Tout ce que tu veux Cha.

    -       -   La vidéo de ma robe, je ne sais pas si je la poste.

    -       -   Tu veux mon avis ?

    -       -   Oui, c’est pour ça que je t’appelle banane !

    -       -   Oui. Mais il faut que ce soit la dernière de la série Saint Valentin : Faire la robe de ses rêves pour la Saint Valentin.

    -       -   Tu penses ?

    -       -   Oui.

    -       -   Ok, merci Alex.

    -       -   De rien.  

    -       -   A bientôt Alex.

    -       -   A bientôt Cha.

    Je raccroche. Pendant le reste de mes vacances, j’ai profité de mes tantes. Le jeudi, nous les avons raccompagnées à l’aéroport. En rentrant à la maison, je l’ai trouvée tellement calme, triste, sans vie, que je suis allée dans ma chambre. J’ai pris mon téléphone et j’ai appelé Alex.

    -       -   Cha ?

    -       -   Oui.

    -       -   Tout va bien ?

    -       -   Mouais. Mes tantes viennent de partir.

    -       -   Tu as le blues ?

    -       -   Oui, un peu.

    -       -   Dans 30 min, toi, moi, un Starbuck, un thé Earl Grey, un caramel machiato et un cookie ?

    -       -   Tu es le meilleur.

    -       -   A tout de suite Cha.

    -       -   Merci Alex…

    -       -   De rien.

    Il raccroche. J’enfile une robe, prends mon sac et vais au Starbuck le plus proche, qui se trouve à mi-chemin entre nos deux maisons. Il est déjà là, m’attendant devant, dans le froid.

    -       -   Hey.

    -       -   Hey.

    Il me regarde, me sourit et me prend dans ses bras en se dandinant d’un pied à l’autre. Je sens une vague de chaleur irradier mon corps. Mon cœur se soulève. J’agrippe son manteau entre mes doigts et le serre très fort contre moi.

    -       -   Merci d’être là, lui murmurais-je.

    -       -   C’est normal, tu es toujours là pour moi. Et puis à quoi est-ce que je servirais sinon ? Hein ? dit-il en me souriant. Allez, on rentre au chaud miss.

    Il entoure son bras autour de mes épaules et on entre. On passe notre commande et on s’installe dans un coin sur un canapé plutôt confortable.

    -       -   Donc demain je poste la vidéo sur comment préparer la table de la saint valentin et dimanche tu postes la vidéo sur la robe, le 14 et on a fini cette série !

    -       -   Oui, les gens ont eu l’air d’aimer non ?

    -       -   Oui, c’est vraiment une super idée que tu as eu là Cha.

    -       -   Merci, souris-je.

    -       -   Demain, ça te dis d’aller faire les magasins ?

    -       -   Oui, avec plaisir, souris-je. Ta sœur va mieux ?

    -       -   Oui, Will grandit et grossit bien, Clara se remet doucement mais elle a hâte de rentrer à la maison.

    -       -   C’est normal.

    -       -   Tes tantes sont bien rentrées ?

    -       -   Je ne sais pas, elles devraient atterrir d’ici quelques heures.

    -       -   Elles viennent souvent ?

    -       -   Pas tellement, je dois les voir 3 ou 4 fois par an maximum.

    -       -   Tu n’as pas de cousins ou de cousines ? D’après ce que j’ai compris, elles n’ont pas d’enfants.

    -       -   Non, mes tantes préfèrent voyager, profiter de la vie, et n’ont pas vraiment envie d’enfants, enfin Lucy peut-être que si. Mais si, j’ai un cousin et une cousine du côté de mon papa mais… On ne s’entend pas vraiment.

    -       -   Ils habitent en Europe ?

    -       -   Oui, donc heureusement je ne les vois qu’au moment de Noël.

    -       -   Pourquoi est-ce que vous ne vous entendez pas ?

    -       -   Bah… On n’est pas du tout les mêmes. Pour ma cousine, le plus important est de ne jamais être seule dans son lit, elle s’habille… Enfin bref, soupirais-je, je pense que tu vois le style, et mon cousin est un peu pareil, je crois même qu’il se drogue.

    -       -   L’opposé de toi, sourit-il.

    -       -   Oui, mais ça reste ma famille.

    -       -   Tu sais niveau famille, je n’ai rien à dire.

    -       -   Je sais… Désolée.

    -       -   Hey ne t’excuse pas Cha ! dit-il en posant sa main sur mon bras. On ne choisit pas sa famille, mais heureusement qu’on choisit ses amis.

    Je lui souris. On continue de parler un peu de nos vidéos, puis nos boissons sont finies, le soir est tombé depuis une petite demi-heure, alors Alex décide de me raccompagner chez moi. Je lui ai proposé de rester diner, mais il a refusé poliment et est rentré chez lui après que j’ai passé le pas de la porte. J’ai diné avec mes parents. L’ambiance était terriblement calme. Ça m’a d’ailleurs un peu déprimée. J’ai passé la soirée à lire et répondre à nos commentaires, j’adore faire ça. La plupart sont adorables. Même s’il y en a quelques-uns franchement méchants, j’en fais abstraction. Contrairement à toute attente, je trouve rapidement le sommeil cette nuit-là. Le lendemain en me réveillant, j’ai vu un message d’Alex. « ça te dit de partir vers 11h et qu’on mange en ville ? Xx. » Je souris. « Bien sûr, je me prépare. » Je regarde l’heure. 9h. J’ai encore le temps. Je vais déjeuner, préviens mes parents et vais à la douche. Je me maquille d’une simple couche de mascara, enfile une robe, des collants bien chauds, des bottines et mon gros manteau. J’attrape mon sac et pars en direction de chez lui. Je sonne et il m’ouvre avec un sourire. Il enfile ses chaussures, sa veste, met son bonnet et son écharpe et on part. Sur le chemin, on parle, on rigole, le ton est léger, mais quelque chose m’embête. On rentre dans le premier magasin pour homme de la rue. Rien ne lui plaît. On enchaine les magasins, mais n’ayant toujours rien trouvé à son goût, on va manger des sushis vers 13h30.

    -       -   Ça m’énerve de ne rien trouver qui me va. Je veux dire, c’est qu’une veste de costume quoi ! J’en veux une simple mais qui taille bien, je demande pas la lune !

    -       -   On va trouver, ne t’inquiète pas, souris-je.

    -       -   Ouais. Sinon, j’ai réservé mon avion. Je pars le 27 février à 18h.

    -       -   Dans pile deux semaine donc ?

    -       -   Euh oui ça doit être ça.

    -       -   Tu commences quand exactement ?

    -       -   Je dois me présenter à 9h le 12 mars.

    -       -   D’accord, tu auras eu le temps de t’acclimater.

    -       -   Oui, c’est pour ça que j’y vais avant. Pour trouver mes marques, repérer les trams, les métros, pour être prêt. Et puis je ferais un peu de tourisme comme ça, sourit-il.

    -       -   Oui.

    -       -   Qu’est-ce qu’il y a Charlie ? Tu sembles un peu ailleurs. Je me trompe ?

    -       -   Non non c’est juste… Je ne sais pas trop comment te dire ça. Ça ne dérange pas Emily que tu passes autant de temps avec moi ?

    Il fronce les sourcils et se gratte la nuque.

    -       -   Pourquoi tu dis ça ?

    -       -   Je… Vous êtes bien ensemble non ?

    Je me sens rougir en demandant ça.

    -       -   Cha je… Je suis désolé.


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  •  -    Cha je… Je suis désolé.

     

    -      -    Quoi ? Mais pourquoi ? m’étonnais-je en fronçant les sourcils.

    -      -    Je… On a pas vraiment été ensemble c’était juste… Pour s’amuser je… Je pensais pas que tu t’en serais rendue compte. Tu le sais depuis quand ?

    -      -    Je vous ai vu vous embrasser.

    -      -    Pourquoi est-ce que tu ne me l’as pas dit ?

    -      -    Je… Je me disais que si tu ne m’en avais pas encore parlé c’est que tu attendais que ça soit sérieux, ou que tu ne voulais pas encore m’en parler, ce qui est tout à fait normal, tu n’as pas à tout me dire.

    Je l’entends soupirer, puis commencer à rire doucement. Je penche légèrement la tête sur le côté.

    -      -    Tu ne te rends même pas compte à quel point tu es géniale Charlie. En tout cas, non on est plus ensemble, même si on n’a jamais vraiment été ensemble. Et même si c’était le cas, si je sortais avec quelqu’un, elle n’aurait rien à dire, je fais ce que je veux, je passe autant de temps avec toi que je le veux, et que tu le veux aussi. Personne n’aura jamais rien à dire là-dessus Charlie. Je ne te laisserai jamais tomber.

    -      -    Merci Alex…

    On finit nos sushis et j’ai le cœur beaucoup plus léger. Est-ce parce que je sais qu’il n’est pas avec Emily ou parce qu’il m’a promis de ne jamais me laisser tomber ? Je réfléchirai à ça plus tard. On repart faire les magasins, mais il ne trouve rien. Soit c’est la couleur qui ne va pas, ou alors la matière, ou la coupe, enfin bref, rien ne lui convient. Je vois qu’il commence à s’énerver, alors je me décide de lui proposer quelque chose.

    -      -    Alex ? Est-ce que je peux te proposer un truc ?

    -      -    Oui, si tu veux. Au point où j’en suis de toute façon.

    -      -    Si je te faisais ta veste ?

    -      -    T’es sérieuse ? Non, je vais pas te demander ça !

    -      -    Tu ne me le demande pas, c’est moi qui propose. Ça t’irait ? Elle sera coupée à ta taille, tu choisiras le tissu, la couleur, tout. Une veste sur mesure en soit.

    -      -    Non Charlie, c’est trop de boulot…

    -      -    Ça me ferait vraiment plaisir Alex.

    Il réfléchit quelques instants.

    -      -    Tu es sûre ?

    -      -    Aussi sûre que je m’appelle Charlie Van Caeneghem et que tu es en train de t’énerver pour une simple veste.

    Il rigole et me regarde en souriant.

    -      -    Merci beaucoup Charlie.

    Il me serre dans ses bras et nous fait nous balancer d’un pied à l’autre.

    -      -    Aller viens, je t’emmène dans mon magasin de tissus préféré. Je te préviens, je risque d’y passer un moment, lui dis-je en souriant.

    -      -    Pas de soucis, j’ai tout mon temps !

    On s’y rend donc. Je dois dire qu’on y est resté un moment, mais Alex a enfin trouvé le tissu qu’il voulait pour l’extérieur.

    -      -    Tu la porteras avec quoi ?

    -      -    Mon jean noir, ma chemise blanche et mes derbies camel pourquoi ?

    -      -    Donc l’intérieur, on peut le faire d’une couleur vive. Tu préfères quoi ?

    -      -    Euh… J’en sais rien. Choisis pour moi.

    Je regarde attentivement son visage, ses yeux.

    -      -    Du bordeau. Je pense que ça te va bien au teint et ça fera ressortir les petites taches vertes de tes yeux. Laisse moi voir ça.

    Je vais au rayon doublure et porte un coupon proche de son visage.

    -      -    Parfait, chuchotais-je. Maintenant, passons aux boutons. Choisis ceux que tu préfères.

    -      -    Non, je préfère que ce soit toi, tu as meilleur goût et puis tu sais ce qui va ensemble.

    -      -    Tu es sur ?

    -      -    Oui.

    -      -    Ok. Alors ceux-là.

    -      -    C’est fini ?

    -      -    Non. Enfin, tu veux une cravate ou un nœud papillon ?

    -      -    Euh… J’en sais rien. Je n’ai jamais mis aucun des deux.

    -      -    Je te verrais bien avec un nœud pap, mais après c’est toi qui choisit.

    -      -    Fais ce qu’il te plaît Cha.

    -      -    D’accord, merci de me faire confiance Alex.

    -      -    Merci à toi Cha ! Au moins, je sais que ce sera du super boulot. Et qu’elle me plaira.

    -      -    Attends, on n’est pas sûr qu’elle te plaise, et s’il te plait, si quelque chose ne va pas, tu me le dis. Je ne le prendrais absolument pas mal, je te le promets.

    -      -    Cha, dit-il en posant ses mains sur mes épaules. Tout ce que tu fais est génial ok ? Aies un peu confiance en toi s’il te plaît.

    -      -    Merci …

    Il me sourit et nous passons en caisse. Il insiste pour payer. Une fois fait, il me raccompagne chez moi. Je le fais monter à l’étage pour prendre ses mesures.

    -      -    Enlève ta veste s’il te plaît, mais garde ton tee-shirt.

    -      -    Oui chef, rigole-t-il.

    Je prends mon mètre de couturière et prends toutes les mesures que je reporte sur une feuille. Je m’assois ensuite sur mon lit et tapote la place à côté de moi. Il s’assoit en tailleur en face de moi.

    -      -    D’après tes essayages, tu veux une veste croisée légèrement cintrée, sans épaulettes, avec un col pique et pas trop longue. Je te fais rapidement un croquis et tu me dis, ok ?

    -      -    C’est parti.

    Je dessine rapidement l’idée que je m’en fais et lui montre.

    -      -    Alors ?

    -      -    C’est parfait !

    -      -    Tu es sûr ?

    -      -    Oui !

    -      -    Ok, je ferais ça quand tu seras parti, ça m’occupera puisque je ne pourrais pas te voir… Et puis je ferais les dernières retouches quand tu seras rentré parce qu’on a beau suivre les mesures, il faut toujours reprendre certains détails.

    -      -    Pas de soucis, mon oral est le 8 juin de toute façon, donc tu as 4 mois pour le faire.

    -      -    Tes résultats sont quand déjà ?

    -      -    Le 25 juin.

    -      -    Tu vas chercher du travail après ou continuer tes études ?

    -      -    Non, je veux travailler. Je commence déjà à chercher d’ailleurs.

    -      -    Dans quoi ?

    -      -    La recherche, les laboratoires pharmaceutiques, un peu partout, je veux juste du boulot.

    -      -    Tu cherches dans la région ?

    Il sourit.

    -      -    T’inquiètes Cha, je ne pars pas. Je te l’ai dit, je ne te laisserai pas tomber.


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  • -      -    T’inquiètes Cha, je ne pars pas. Je te l’ai dit, je ne te laisserai pas tomber.

    Je rougis un peu.

    -      -    Non, ce n’était pas pour ça. C’était pour savoir si tu allais devoir déménager.

    -      -    Non, t’inquiète, dit-il avec un clin d’œil et en ébouriffant un peu mes cheveux.

    J’appuie ma tête sur son épaule. Il m’entoure de son bras et me serre contre lui.

    -      -    Ça va aller Cha. Tu verras, tout ira bien.

    Dit-t-il cela pour moi, ou pour lui ? On reste un moment sur ce lit, à ne rien dire, juste à écouter la respiration, les battements de cœur de l’autre. Et ça m’a fait du bien, excessivement de bien. Il repart vers 19h après avoir poliment décliné mon invitation à rester manger. Le week-end est passé, et il a fallu retourner à la fac. Dimanche soir, j’ai posté la vidéo de la robe. Et je n’ai pas lu les commentaires  depuis. J’ai beaucoup trop peur des réactions. Le lundi matin, je vais en cours, le moral à zéro. Il fait froid, il fait gris, et je n’ai pas pu croiser Alex avant la sonnerie. Les premières heures passent très lentement. Normal après deux semaines de vacances me direz-vous. Le midi, je prends un sandwich et vais manger dans la salle. Je ne vois pas le temps passer. La porte s’ouvre d’un coup.

    -      -    Cha, tu, es, une, génie.

    Je sursaute  et me tourne vers Alex. Il pose les Starbucks, ferme la porte, et s’assoit sur la chaise, les pieds de chaque côté du dossier, les coudes dessus, la tête posé sur ses mains. Il me sourit.

    -      -    Qu’est-ce qu’il y a ? demandais-je intriguée.

    -      -    Tu as regardé tes messages récemment ?

    -      -    Non, pourquoi ?

    -      -    Alors ne les regarde pas. Regarde plutôt… ça, dit-il en me brandissant son téléphone.

    Je le prends et regarde attentivement l’écran. C’est la vidéo que j’ai posté, la dernière de la saint Valentin. Jusque-là, je ne vois rien de passionnant, puis je regarde le compteur. Il y a 6 chiffres. 6. Je crois que je lâche un petit cri.

    -      -    Alors ? sourit-il.

    -      -    Oh mon Dieu ! Alex, mais tu as vu ça ?!

    -      -    Je le l’avais dit.

    -      -    Mais les commentaires, ils disent quoi ?

    -      -    Il y a des cons, comme d’habitude, mais la plupart sont géniaux, regarde par toi-même !

    Je fais défiler les pages. « C’est magnifique, pourquoi tu n’en fais pas ton métier Charlie ? » «Je pense que tu devrais créer ta propre marque de vêtements, c’est vraiment magnifique !! » Tous de ce genre. Je sens les larmes me monter aux yeux. Les gens sont si gentils avec moi. Je n’en reviens pas.

    -      -    Hey, Cha. Viens-là, dit-il en me serrant contre lui. Tu es merveilleuse, je te l’avais dit. Tu as vu tout ce que ces gens ont dit ? Tu n’as pas à douter de toi ou de ton talent, tu comprends ?

    -      -    Mais Alex…

    -      -    Chut, pas de mais, me coupe-t-il. Le seul problème, c’est que tu vas devoir assurer encore plus maintenant, sans vouloir te mettre la pression, bien sûr, rit-il.

    Je le regarde dans les yeux. C’est comme si une bouffée d’amour, de chaleur envahissait mon cœur.

    -      -    Merci Alex, merci pour tout.

    -      -    De rien ma belle, sourit-il. Aller, fini ta dissert.

    Il s’assoit en face de moi et sort ses affaires en buvant son café. Un goutte tombe du coin de ses lèvres, et vient dégringoler le long de sa mâchoire, parcourt son cou pour venir mourir dans son écharpe. Un flash perturbe mon esprit. Ma bouche, posée sur son cou, ma langue, léchant cette goutte de café. Je rougis. Il lève les yeux de ses cours et me regarde en souriant.

    -      -    Qu’est-ce qu’il y a ?

    Je secoue la tête et baisse mon regard sur ma feuille.

    -      -    Rien rien.

    L’heure se termine. On a discuté, un peu, travaillé aussi. Mais cette brève invention de mon esprit m’a perturbée pour le reste de la journée. Je rentre chez moi. Je travaille, vais manger et travaille encore. Mais je suis ailleurs. Ces pensées déplacées commencent à être vraiment pénibles, et à me gâcher la vie. Il faut que ça cesse. Je reçois un appel vers 22h.

    -      -    Hey Cha !

    -      -    Hey, ça va ?

    -      -    Oui et toi ?

    -      -    Dis, ça te dirait de venir manger chez moi demain soir ? J’ai pas trop envie d’être tout seul pour…

    -      -    Ton anniversaire, bien sûr Alex.

    -      -    Merci beaucoup Cha.

    -      -    C’est normal, je n’allais pas te laisser tout seul de toute façon.

    -      -    Merci. Film, Mcdo et glace ?

    -      -    Programme parfait, riais-je.

    -      -    A demain Cha.

    -      -    A demain Alex.

    Je termine mes devoirs et me couche. Le lendemain matin, j’allume mon téléphone et appelle directement Alex. Le son de sa voix rauque du matin résonne au bout de quelques sonneries.

    -      -    Mh ?

    -      -    Joyeux Anniversaire Alex Parker.

    -      -    Merci beaucoup Charlie.

    Je peux sentir le sourire dans sa voix. Et ça me fait sourire à mon tour.

    -      -    Je ne t’ai pas réveillé au moins ? M’inquiétais-je soudain en voyant qu’il n’est que 6h.

     

    -      -    Ne t’inquiète pas, tu es un bien plus doux réveil que le mien. 


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