Elle a sa main sur son torse et rit comme une idiote. J’ai des fourmis dans les jambes et dans les mains. Je reste quelques instants à les fixer, puis je fais demi-tour et prends un autre couloir pour aller dans ma salle de cours. Pourquoi est-ce que je suis comme ça, qu'est-ce qu'il m'arrive ? Mais je ne sais pas comment réagir, je n'ai jamais eu d'amis avant, encore moins à partager, alors je présume que c'est juste normal, que je suis juste un peu triste de ne pas être sa seule amie comme il l’est pour moi. Je m’installe et sors mon cours. Me concentrer est compliqué. Pourquoi est-ce que ça m’affecte comme ça ? ça m’énerve ! Je souffle un bon coup et le chasse de mon esprit. C’est très égoïste comme réaction, j’agis comme une enfant pourrie gâtée. Et je ne dois pas. Alex est mon ami, mais il ne m’appartient pas. Il a le droit d’avoir d’autres amis, filles ou garçons, et ça ne me regarde pas. Je rentre chez moi à 17h et monte faire mes devoirs. Je tourne la vidéo et la monte dans la foulée. Je continue le pull d’Alex jusqu’à ce que ma mère m’appelle pour manger, puis je le continue après jusqu’à ce que j’aille me coucher. Le lendemain, je me lève, me prépare et pars en cours. Il fait vraiment froid. Il y a des plaques de verglas. Je parie que je vais me recasser la figure. Arrivée devant la fac, je vois Emily, alias le post-it, collée à Alex. Je vois leurs visages très près, vraiment très près l’un de l’autre. Pourquoi est-ce que j’ai chaud, mais froid en même temps, et cette envie de vomir au fond de la gorge ? Je détourne la tête et… Me retrouve les fesses par terre. Ce n’est pas possible ça n’arrive qu’à moi !

-       -   Charlie ?

Je lève les yeux et vois Arthur.

-       -   Rien de cassé ? me demande-t-il en me tendant la main.

-       -   Non ça va. Merci beaucoup, dis-je en me relevant.

-       -   Cha ! Tout va bien ?

Je tourne la tête et vois Alex arriver. Je fuis son regard.

-       -   Oui ça va ce n’est rien. Je… Je dois y aller. Encore merci Arthur.

J’avance rapidement jusqu’à ma salle. Pourquoi est-ce que je réagis comme ça ? J’y pense toute la matinée. Je me rends compte que je dois seulement être déçue, parce que maintenant, je n’aurais plus Alex juste pour moi. Il sort avec quelqu’un désormais, il ne va plus pouvoir me consacrer autant de temps que ces derniers mois. Et je vais de nouveau me retrouver seule. Cette pensée me déprime. Je passe me prendre un bagel pour le déjeuner puis je vais au Starbucks. Je prends ma commande puis je sors.

-       -   Charlie !

Je me retourne et vois Alex.

-       -   Remise de ta chute ? sourit-il en se grattant la nuque.

Il est géné.

-       -   Oui merci, tiens, ton café.

-       -   Merci. Dis, je… Je voulais m’excuser pour ce matin.

-       -   De quoi ? demandais-je en fronçant les sourcils.

-       -   Tu m’as vu non ?

-       -   Oui, je t’ai vu arriver après qu’Arthur m’ai aidé à me relever pourquoi ?

-       -   Alors tu… OK, non rien, laisse. Au fait je vais faire un foot avec les garçons, je te rejoindrai peut-être.

-       -   Ne t’inquiète pas, j’ai une dissertation à faire de toute façon.

-       -   D’accord, bon courage alors.

-       -   Merci, souris-je.

-       -   A plus tard Cha.

Il m’embrasse sur la joue et s’en va. Je ne sais pas pourquoi est-ce que je lui ai menti. Après tout, c’est sa vie privée, et je comprends qu’il veuille attendre avant de m’en parler. Je vais donc travailler. Je suis tellement prise par mon devoir que je ne vois pas le temps passer. C’est quand la cloche sonne pour signifier la fin de l’heure que je me rends compte qu’il n’est pas venu. Ce n’est pas grave. Je range mes affaires et retourne en cours. Le soir, je poste la vidéo pour la saint valentin, puis je continue son pull. Mes parents doivent rentrer tard il me semble. Je me fais un sandwich que je mange dans ma chambre en faisant le cadeau d’Alex. Ça me vide la tête. Les jours s’enchainent. Alex ne vient plus tous les midis, seulement deux ou trois par semaines. Il poste ses vidéos, je poste les miennes. On ne se parle plus autant qu’avant. Et je ne vais pas bien. J’ai recommencé à cuisiner en grandes quantités. Dans un sens, c’est bien, je fais plus de vidéos, mais ma mère ne sait plus quoi en faire. Ce soir, c’est vendredi, et c’est les vacances. La seule chose qui me remonte un peu le moral c’est de savoir que mes tantes de Bristol arrivent demain pour passer une semaine avec nous. Je ne les ai pas vues depuis 6 mois, pour l’anniversaire de ma maman il me semble. Je ne vois pas Alex de la journée, mais ce soir, à 6h, il attendait assis sur un banc. Quand il croise mon regard, il sourit. Je m’approche de lui et retire mes écouteurs. Il se lève et me prend dans ses bras. Je le serre également dans mes bras.

-      -    Bonnes vacances Cha.

-      -    Bonnes vacances Alex.

Il m’embrasse sur la joue et jette son sac sur son épaule avant de partir. Je remets mes écouteurs et rentre chez moi. Pourquoi est-ce que j’ai eu l’impression que c’était plus qu’un au revoir ? J’ai un goût amer dans la gorge. Je monte directement dans ma chambre en arrivant. J’ouvre mon ordinateur et regarde quelques pages internet. Mais là, je tombe sur une photo qui me fait tout arrêter. Une robe, absolument magnifique. Rouge carmin, simple mais tellement élégante. Je la dessine rapidement sur un carnet qui traine et vais dans ma pièce. Je dois la faire, c’est comme une obsession. Et c’est à ce moment-là que je prends conscience que je ne vais vraiment pas bien. Je commence à dessiner les pièces sur un tissu exactement de la même couleur que l’originale. Je sors mon téléphone et filme rapidement. Je ne sais pas si je vais la poster, on verra. Puis je coupe et aiguille. Ma mère m’appelle pour manger, ce que je fais en vitesse avant de remonter. La musique pulse dans mes oreilles, le temps semble s’être arrêté. Je commence à coudre. J’ajuste, couds encore. Puis quand tout est fini, je l’enfile et me regarde dans le miroir. Je trouve la robe magnifique, mais … Mais moi je me trouve immonde. Je reste les yeux fixés sur mon reflet, tandis qu’ils s’emplissent de larmes. Je sursaute en entendant la porte s’ouvrir.

-      -    Charlie ? demande ma mère en se frottant les yeux.

Comme je ne reponds pas, elle me regarde et accourt vers moi.

-      -    Ma puce qu’est-ce qu’il y a ?

Je la serre contre moi, continuant de pleurer.

-      -    Pourquoi est-ce que tu pleures ma chérie ?

-      -    Je ne sais pas maman, soufflais-je.

Elle s’écarte un peu et pose ses mains sur mes épaules.

-      -    Cette robe est magnifique Charlie.

-      -    Merci.

-      -    Mais qu’est-ce qui ne va pas ?

-      -    Je suis immonde maman. Regarde moi ! sanglotais-je encore plus.

-      -    Charlie ! Tu ne peux pas dire ça, ce n’est pas vrai ! Tu es magnifique, merveilleuse ! Et puis cette robe ne serait rien sans une aussi belle jeune-femme que toi dedans.

-      -    Tu n’es pas objective maman, riais-je dans mes larmes.

-      -    Non, je sais, dit-elle doucement en essuyant ma joue avec un sourire.

-      -    Merci maman.

-      -    C’est normale ma chérie.

-      -    Quelle heure il est ?

-      -    Il doit bien être une heure du matin.

-      -    Je suis désolée, va dormir !

-      -    Non, maintenant que je suis réveillée de toute façon ! sourit-elle. On se regarde une série ?

Je souris et la serre contre moi. Je passe dans ma chambre retirer ma robe que je pose sur ma chaise de bureau et j’enfile un pyjama. Ma mère est dans la cuisine en train de nous préparer un bol de bonbons. Je nous fais à chacune un mugcake et nous mettons en route la télé. Elle met le dvd de la saison 1 de Greys Anatomy. Je ne vois pas le temps passer. C’est tellement agréable de passer une soirée avec ma maman. Ça n’arrive pas souvent. Je ne sais pas vraiment quand est-ce que nous nous sommes endormies mais c’est mon père qui nous a réveillées en se levant.

-       -   Qu’est-ce que vous faîtes là les filles ? demande-t-il en baillant.

Nous échangeons un regard et explosons de rire.

-       -   On s’est fait une petite nuit blanche entre filles, sourit ma mère en me faisant un clin d’œil.

Il nous répond par un grognement avant d’aller se servir un café. Ma mère me serre dans ses bras et nous allons déjeuner. Je vais ensuite me préparer puisqu’il est bientôt 9h et que nous devons aller chercher mes tantes à l’aéroport dans 2h. J’ai une heure devant moi, donc je décide de commencer à monter la vidéo sur la confection de ma robe. Mais elle me prend plutôt longtemps, donc je laisse tout en plan pour partir à l’aéroport. Je suis tellement contente quand je les vois toutes les trois passer le portique de sécurité que je leur saute dans les bras. Les 20min qui suivent leur arrivée ne sont qu’embrassades et accolades. Puis nous rentrons. Le trajet en voiture est tellement joyeux. Ça me remonte le moral. Et je sais que pour quelques jours, je vais pouvoir laisser mes inquiétudes à propos d’Alex derrière moi. Nous arrivons à la maison. Elles s’installent et pendant ce temps, je nous fais à manger pour ce midi. Un poulet au curry. Simple mais efficace. Mona nous raconte son dernier voyage en Inde, je bois littéralement ses paroles. Puis Lucy nous parle de son nouveau copain, pendant qu’Eleanor s’inquiète de ma petite mine. Eleanor est la plus âgée, puis il y a ma mère, Mona et enfin Lucy, qui n’a que 10 ans de plus que moi.

-      -    Alors ma chérie, tout va bien ?

-      -    Oui Tati El. Je suis contente que vous soyez là, souriais-je.

-      -    Tout va bien à l’école ?

-      -    Oui, très bien.

-      -    Tu as des copains, des copines, un copain ? ajoute-t-elle en rigolant.

-      -    Oui, j’ai rencontré Alex il y a quelques mois. On s’entend vraiment très bien, c’est un très bon ami. Puis il m’a présenté à ses amis aussi.

-      -    Je suis tellement contente pour toi ma puce.

Et c’est là que je me rends compte que tout le monde s’inquiétait de mon isolement social, si je puis dire ça. Ça me fait d’ailleurs un peu mal au cœur. J’observe mon père qui semble un peu débordé par cette large majorité féminine et surtout par cette animation, lui qui est un homme plutôt calme et posé. Nous passons tout l’après-midi à faire des gâteaux. Mona nous partage les recettes qu’elle a dénichées en Inde quand des coups retentissent à la porte. Ma mère s’essuie les mains et va ouvrir.

-      -    Charlie, c’est pour toi !

Je fronce les sourcils et la rejoins. Elle me fait un sourire et s’écarte de la porte. 

Bonjour à toutes et à tous !

J'ai un dessin à faire pour quelqu'un, je l'ai fait et vous savez quoi ? Je le trouve absolument raté, elle me dit qu'elle l'aime bien mais moi je ne l'aime pas. Comme c'est important pour moi, j'ai donc décidé de le refaire mais avant, j'essaye de reprendre le coup de crayon, donc voici un petit dessin fait assez rapidement mais avec de la couleur (OMD je sais !!)

N'hésitez pas comme d'habitude à me dire ce que vous en pensez !

Xx Mary.

Bonjour à toutes et à tous !

Je reviens avec un autre dessin, pour tenter de retrouver mon "niveau" d'avant le bac si je puis dire ça !

Je vous ai même fait un pas à pas :p

Voili Voilou ! J'ai dû mettre 4 heures en tout peut-être, je ne sais plus trop...

Bref, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez en commentaires.

Xx Mary. 

Bonjour à toutes et à tous.

Je voulais m'excuser pour mon absence. Mon boulot me mine, aussi bien moralement que physiquement, ça m'a également foutu un coup à la santé, enfin bref, je ne pensais pas qu'un job d'été pouvait être comme ça. Tout ça pour dire que je n'ai plus le temps de rien faire, je rentre chez moi, je mange, je me douche et je dors, le réveil sonne à 3h50 et c'est reparti pour un tour. J'ai promis des dessins à une personne, et je ne tiens pas ma promesse, je n'ai juste plus la force de dessiner, j'essaye mais rien ne me plaît. En parallèle, comme chaque été, je fourmille d'idées de fictions, je suis obligée de les coucher sur papier pour pouvoir dormir parce que sinon ça tourne dans ma tête toute la nuit et m'empêche de dormir, mais du coup je n'avance pas dans mes fictions en cours et ça m'énerve. Bref, j'ai juste hâte d'être en vacances et je m'excuse pour le manque d'article.

J'espère quand même que vous ne m'oublierez pas, je reviens à partir de la première semaine d'août.

Xx.

Mary au bout du rouleau.

Je fronce les sourcils et la rejoins. Elle me fait un sourire et s’écarte de la porte. En bas des marches, je vois Alex, en jogging, les mains dans les poches.

-       -   Hey Cha, me dit-il, la voix un peu étranglée.

Je plonge mon regard dans le sien. Ses yeux sont brillants. Je ne réfléchis pas et le serre contre moi.

-       -   Qu’est-ce qu’il y a ?

-       -   Ma sœur.

Sa voix se brise.

-       -   Elle est partie à l’hôpital, elle a perdu du sang.

-       -   Calme-toi, viens.

Je me détache de lui et le prend par la main.

-       -   Non, Charlie, tu as ta famille, tu ne les vois jamais et… Je suis désolé, je ne sais même pas pourquoi je suis venu mais dès qu’elle m’a appelé j’ai… Je suis venu sans réfléchir.

-       -   Alors suis-moi, sans réfléchir.

Je referme la porte et l’entraine dans le couloir. J’enlève mon tablier et le pose sur la table, puis je l’emmène dans ma chambre. Je le laisse quelques secondes pour ranger un peu ce qui traine. Je sens ses deux bras s’enrouler autour de mes épaules. Je m’allonge donc sur mon lit et lui ouvre mes bras. Il se blotti contre moi, posant sa tête sur mon ventre. Je passe ma main dans ses cheveux.

-       -   Il ne faut pas que tu t’inquiètes Alex.

-       -   Mais Cha, si jamais il lui arrivait quelque chose… Ce sont mes sœurs qui m’ont pratiquement élevé…

-       -   Je sais, mais les enfants nés prématurés sont très bien pris en charge, surtout que si elle accouche maintenant, il n’aura qu’un mois et demi d’avance, tu n’as pas à t’inquiéter d’accord ?

-       -   Merci d’être là pour moi Cha.

-       -   Alex, tu sais très bien que tu peux compter sur moi, n’importe quand.

-       -   Merci.

Je caresse ses cheveux, comme ma mère l’a fait avec moi pas plus tard qu’hier soir. Il se relève soudain et s’approche de ma chaise de bureau.

-       -   C’est toi qui l’a faite Charlie ? me demande-t-il en prenant ma robe dans ses mains.

-       -   Oui, rougis-je. Mais je ne suis pas contente, je ne la trouve pas… Pas assez… Enfin voilà.

-       -   Tu veux bien l’essayer pour que je la vois s’il te plait ?

-       -   Euh… Oui, si tu veux.

Je la prends et vais dans la salle de bain. Je l’enfile. Mais alors que j’allais sortir, j’entends qu’on frappe à la porte de ma chambre.

-       -   Alex ? Où est Charlie ?

-       -   Dans la salle de bain, je veux voir ce que sa robe donne sur elle. Elle m’a dit qu’elle ne l’aimait pas, mais je suis sûre qu’elle est magnifique.

-       -   Et elle l’est.

Elle se met à chuchoter, si bien que je dois me coller à la porte pour écouter.

-       -   Dis-moi Alex, est-ce que tu trouves que quelque chose ne va pas chez Charlie ces temps-ci ?

-       -   Euh… Je ne sais pas trop. Pourquoi ?

-       -   Elle s’est remise à cuisiner des quantités énormes. Et puis hier, je l’ai retrouvée en pleures devant son miroir. Elle m’a dit des choses… Absolument horribles.

-       -   Je ne savais pas… Depuis combien de temps ça dure ?

-       -   Je ne sais pas trop, 2 semaines environ. Pourquoi ?

Il reste silencieux.

-       -   Tu sais ce qu’il se passe ?

-       -   Je …

-       -   Tout va bien maman, dis-je en entrant. Arrête de t’inquiéter pour rien d’accord ?

Elle rougit.

-       -   Tu n’es pas très discrète tu sais ? souris-je.

-       -   Charlie… Je m’inquièterai toujours pour toi.

-       -   Je sais maman, mais je vais bien.

-       -   D’accord. Bon, je vais rejoindre tes tantes. Alex, tu restes manger ?

-       -   Euh je… Je ne sais pas. Je ne veux pas vous déranger, vous ne vous voyez pas souvent avec vos sœurs alors.

-       -   Ne t’inquiète pas, sourit-elle. Et puis, elles ont hâte de te rencontrer.

-       -   C’est gentil. Je veux bien alors, merci beaucoup.

-       -   Ce n’est rien, dit-elle avant de s’éclipser.

Elle ferme la porte. Je sens le regard d’Alex sur moi.

-       -   Elle est magnifique Charlie. Tu es magnifique.

-       -   Merci, rougis-je en baissant les yeux.

-       -   Pourquoi tu ne m’en as pas parlé ?

-       -   De quoi ?

-       -   Ne joue pas à ça, reprend-il plus durement.

-       -   Te parler de quoi Alex ? Tout va bien. Je veux juste faire plus de vidéos. Alors je cuisine plus. Et puis cette robe elle... Je trouve qu’elle ne me va pas.

-       -   Tu es sûre qu’il n’y a rien d’autre ? demande-t-il les sourcils froncés.

-       -   Oui.

Ma gorge se noue.

-       -   Alors viens-là, sourit-il en ouvrant ses bras.

Je me blottis contre lui et retiens mes larmes.

-       -   Ça va mieux ? demandais-je.

-       -   Oui, merci d’être là. Et puis, je sens que je vais bien aimer ce diner, je ne vais pas manger seul pour une fois.

-       -   D’accord.

-       -   On devrait peut-être les aider à préparer le repas non ?

-       -   Je pense que ça leur ferait plaisir, souris-je en me détachant de lui.

-       -   Merci Charlie, et pardon, souffle-t-il en embrassant ma joue.

J’enfile une veste et nous descendons. Quand on entre dans la cuisine, les conversations s’arrêtent immédiatement. Je vois mes tantes sourire jusqu’aux deux oreilles.

-       -   Alex je ne te présente mes tantes, Mona, Eleanor et Lucy. Tantinettes, voici Alex, mon meilleur ami.

-       -   Enchanté, sourit-il en leur faisant la bise.

-       -   C’est un plaisir ! sourit Eleanor.

-       -   Si tu savais comme ça peut nous faire plaisir de te rencontrer ! s’exclame Lucy.

-       -   Moi aussi je suis content, sourit-il un peu gêné.

Nous commençons à cuisiner en riant. Voir Alex sourire me rend heureuse. Peut-être que ça va lui permettre d’oublier que l’état de sa sœur l’inquiète pendant quelques minutes. 

-       -   Mais c’est que tu cuisines bien !

-       -   C’est Charlie qui m’a appris, même si je ne suis pas encore à son niveau ! rigole-t-il.

-       -   C’est vrai que notre petite Charlie est une perle rare de ce côté. Elle sait cuisiner, tricoter, coudre, regardez-moi cette robe merveilleuse !

-       -   Merci Mona, mais je pense qu’il y a bien d’autres choses que je ne sais pas faire. Des choses que tout le monde sait faire sauf moi.

Ma mère baisse les yeux. Voilà, je l’ai encore déçue. Mais c’est vrai ! Je ne suis pas comme tout le monde !

-       -   Mais c’est pour ça qu’on t’apprécie Cha, dit Alex.

Je lui souris simplement et enfourne une première plaque de gâteaux. A ce moment le portable d’Alex sonne. Il s’essuie les mains en vitesse et le sort de sa poche. Son sourire disparait.

-       -   Je suis désolé je dois…

-       -   Vas-y, lui dis-je.

Il sort de la pièce.

-       -   Sa sœur est à l’hôpital, dis-je pour répondre aux questions informulées de tout le monde.

-       -   Mon dieu, pourquoi ? demande ma mère.

-       -   Elle est enceinte de 7 mois et demi, et elle a perdu du sang. Elle est partie en urgence.

-       -   Il ne faut pas qu’il s’inquiète ! Moi aussi j’ai perdu du sang pendant ma grossesse et regarde où tu en es, dit ma mère avec un sourire.

-       -   Oui, tu es restée couchée pendant 6 mois, tu as failli mourir en me mettant au monde, tu n’as pas pu avoir d’autres enfants  mais c’est vrai qu’il n’y a aucune raison de s’inquiéter ! dis-je un peu plus fort que ce que je n’aurais voulu.

-       -   Charlie ! s’exclame Eleanor.

-       -   Pardon maman, m’excusais-je après quelques instants.

-       -   Je ne regrette absolument pas d’avoir vécu tout ça. Tu es là aujourd’hui et pour rien au monde je ne changerais ce qui est arrivé, ajoute-t-elle en venant me prendre dans ses bras.

-       -   Mais par ma faute tu n’as jamais eu d’autre enfant, alors que tu en rêvais.

-       -   Mais ma chérie ce n’est absolument pas de ta faute enfin ! Alors c’est ça que tu penses ? Que tout est de ta faute ?! Mais ma chérie ce n’est de la faute de personne, et surtout pas de la tienne. Sors-toi tout de suite cette idée de la tête.

-       -   Charlie, tu es la plus merveilleuse des nièces, ce qui n'est pas très objectif sachant que je n'en ai qu'une, mais ce qui est arrivé à Lisabeth n’est pas à cause de toi. Et puis tu es là, tu es une jeune fille en pleine santé, absolument magnifique de surcoût, et c’est bien ça le plus important, m’explique Lucy.

-       -   Je suis désolée maman, dis-je en la prenant dans mes bras.

C’est à ce moment qu’Alex revient dans la cuisine. Je l’interroge du regard. Le sourire qu’il a sur le visage me rassure.

-       -   Elle a accouché. Mais elle va bien, et mon petit neveu aussi. Tout le monde va bien.

-       -   Je suis tellement contente pour toi Alex.

Il me prend dans ses bras et me soulève pour me faire tourner. Je ris aux éclats. Il me serre ensuite contre lui et me murmure un merci.

-       -   Après ces bonnes nouvelles, je propose qu’on passe à table ! s’exclame Mona.

Nous mettons donc le couvert puis nous mangeons. Je suis bien, je suis heureuse. Ce repas est tellement joyeux. Et puis la plupart des personnes que j’aime sont ici ce soir. Nous terminons vers 22h. Alex m’aide à débarrasser.

-       -   Dis Cha, ça te dit de venir avec moi voir ma sœur et mon neveu demain ?

-       -   Euh je… Je ne sais pas. Je pense que ta sœur sera fatiguée, je ne sais pas si elle sera vraiment contente qu’une inconnue vienne la voir…

-       -   Ne t’inquiète pas, ça lui fera plaisir. A moi aussi d’ailleurs.

-       -   D’accord, alors je veux bien. Merci beaucoup Alex.

-       -   C’est rien, sourit-il.

On termine de nettoyer la table.

-       -   Je vais rentrer je pense, dit Alex. Merci beaucoup pour cette soirée, mesdames, le repas était délicieux.

-       -   Il me plait bien moi ! rit Lucy.

-       -   Je vais te ramener Alex, dit mon père.

J’en reste bouche bée. Alex me lance un regard.

-       -   Merci beaucoup monsieur.

-       -   William, appelle-moi William.

-       -   Merci beaucoup William.

Alex prends sa veste et dit au revoir à mes tantes ainsi qu’à ma mère.

-       -   A demain Charlie, je passerai vers 14h. On ira en métro.

-       -   D’accord, à demain Alex.

Il me serre contre lui.

-       -   Merci pour tout Cha, me chuchote-t-il.

-       -   Arrête, c’est normal, repris-je sur le même ton.

Il m’embrasse sur la joue et prend sa veste avant de partir avec mon père.